Exposition

© Tristan Jeanne-Valès

20 ans de théâtre avec Jean-Pierre Laurent

 

20 ans après sa disparition, et six ans après la réalisation d’un film dédié au fondateur de La Tripe de Caen et du Théâtre de la Rampe, Annie Pican décide de faire oeuvre de mémoire sur le travail de la compagnie théâtrale ainsi que l’oeuvre artistique de Jean Pierre Laurent.


 

Professeur de philosophie et pataphysicien, Jean Pierre Laurent fonde la Compagnie Théâtrale La Tripe de Caen en 1970. Le nom choisi peut surprendre : c’est le ventre qui parle, tout en chair et en boyaux, en modelage, hommage à Alfred Jarry et à son anti- héros Ubu Roi dont les viscères un brin muqueuses soulignent avec humour la réputation gastronomique de la capitale normande. 

  

Les mises en scène de ses spectacles ont révélé sa conception du théâtre et sa manière de travailler :

  • Les masques : l’art du masque est l’élément fondateur de la démarche esthétique de la compagnie. Chaque spectacle est l’occasion d’explorer le jeu masqué dans toute sa diversité, qu’il soit comique, tragique, expressionniste ou de Commedia dell’Arte. Passionné par l’art et la matière, Jean Pierre Laurent crée et fabrique plus d’une centaine de prototypes.
  • La peinture, les arts graphiques : la conception de maquettes pour les décors et les costumes ou la réalisation des affiches sont autant d’éléments qui prouvent une inspiration féconde, une curiosité, une inventivité sans cesse renouvelées pour servir les créations de la Compagnie. Il semble que pour lui, la couleur toujours reste porteuse de toute conception artistique.
  • La musique tient aussi une grande place dans ses créations théâtrales. Les comédiens sont également musiciens et chanteurs d’où la naissance d’une formation musicale de rue le « Pataphysic’ Orchestra » qui jalonnera la vie de la Compagnie.

 

Homme de lettres, de couleurs, de papier, de modelage ; à sa façon, Jean Pierre Laurent a inventé avec d’autres de ses amis normands la culture en quatre dimensions.

 

Le travail de recherche qu’il a effectué en particulier sur La Commedia dell’Arte a marqué l’histoire du théâtre en Basse-Normandie et influencé les comédiens au point d’en faire des "Tripards". Tous les acteurs ont participé à la création des masques, des costumes et des décors. Tous ont participé à l’édification du Théâtre de la Rampe² et beaucoup d’entre eux ont ensuite essaimé d’autres structures ou se sont vus proposer des travaux d’interprétation de création en Europe et ailleurs.

 

À la veille d’être nommé directeur de l’École de la rue Blanche devenue l’ENSATT au printemps 1990, le décès de Jean-Pierre Laurent a changé la trajectoire de cette compagnie qui avait obtenu une reconnaissance nationale avec le spectacle Quel petit vélo a guidon chromé au fond de la cour adapté de Georges Pérec.

 

Des comédiens, des artistes, ses amis, ses proches, des metteurs en scène et des représentants institutionnels de la région sont déjà intervenus dans le film précité témoignant d’un profond respect à l’endroit de son oeuvre. Il reste cependant un fond important de traces et de témoignages inexploités de cette époque.

 

Masque de Jean-Pierre Laurent - Théâtre de la Rampe

Masques de théâtre et aquarelles de Jean-Pierre Laurent - édition

 

Une édition accompagne cette rétrospective. Une journée d’études prenant appui sur cet évènement s'est déroulée le 27 mars 2014 à la Comédie de Caen. Elle avait pour thème "Histoires de théâtre en Basse-Normandie" et était animée par Chantal Meyer Plantureux, professeur des Universités, enseignante en Études Théâtrales à l’Université de Caen.

 




1 Présentation au Cinéma Lux d’un film documentaire intitulé 20 ans de théâtre avec Jean Pierre Laurent réalisé par Mary Pierre Vadelorge en collaboration avec Catherine Dehee. Avec la participation du Conseil Régional et du Conseil général du Calvados.

2 La compagnie s’est établie dans un lieu loué à titre précaire par la Ville de Caen qui s’est appelé le Théâtre de la Rampe. Situé à l’emplacement de la nouvelle Cité Gardin, l’endroit était accessible par une côte un peu raide révélant un grand espace qui sera aménagé en lieu de répétition. Il a hébergé les dernières créations de la Compagnie.

 

 

© Théâtre de la Rampe / 2024 - Crédit photo de la couverture : Bertrand de La Sayette.